Huawei P9

Huawei P9 prise en main

Chaque année, Huawei monte un peu plus en gamme avec sa série Mate et sa série P. Nous y avons vu apparaître ces 12 derniers mois des technologies et des matériaux propres au segment haut de gamme où sont historiquement positionnés les Apple, Sony, Samsung et autre HTC ou LG. Mais Huawei, depuis longtemps associé au low-cost chinois et à la marque blanche pour les opérateurs, est bien décidé à ne plus rester derrière la concurrence internationale.
Si en 2014, avec le P7, le constructeur n’a pas poussé autant qu’il aurait pu, c’est en 2015 que le groupe a montré une vraie ambition. Le P8, le Mate S, le Mate 8 et le Nexus 6P ont tous, à leur manière, démontré que l’entreprise a sa place parmi les cinq premiers. Et le P9 enfonce le clou.
Une ambition qui se voit vraiment
Car le P9 est un smartphone qui a « de la gueule ». Une gueule que ne renierait certainement pas Jony Ive, le patron du design chez Apple. Car le P9 s’inspire largement de l’iPhone 6 pour certains aspects ergonomiques, comme nous le verrons dans quelques instants, même s’il sait aussi conserver sa propre identité en plaçant à des endroits différents certains détails mécaniques. Cette proximité, nous la ressentons aussi dans certains choix des éléments technologiques, comme le chipset fait maison, la résolution du capteur photo (ou plutôt des capteurs photo en l’occurrence) ou la définition de l’écran. Quand les autres marques s’adonnent à la surenchère technologique, Huawei préfère l’équilibre des forces, même si cela n’est pas sans danger. Voyons d’ailleurs la fiche technique du téléphone :

  • dimensions : 145 x 70,9 x 6,95 mm
  • poids : 144 grammes
  • Protection à l’avant et à l’arrière en verre renforcé Gorilla 4 de Corning
  • écran IPS Neo LCD Full HD de 5,2 pouces d’une résolution de 423 pixels par pouce
  • rapport entre écran et taille du mobile : 72,9 %
  • chipset HiSilicon Kirin 955 composé de 4 coeurs Cortex-A72 cadencés jusqu’à 2,5 GHz, de 4 coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,8 GHz et d’un GPU ARM Mali-T880-MP4
  • 3 Go de mémoire vive
  • 32 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC)
  • batterie 3000 mAh non amovible
  • double capteur photo 12 mégapixels IMX286 de Sony, objectifs signés Leica 27 mm ouvrant à f/2.2 avec lentilles asphériques, flash true-tone, autofocus laser à détection de phase, compatible 1080p en vidéo
  • webcam 8 mégapixels à l’avant avec objectif ouvrant à f/2.4
  • lecteur d’empreinte digitale à l’arrière
  • compatible LTE catégorie 6, WiFi ac dual band, Bluetooth 4.2, NFC, GPS Glonass et USB type C
  • Emotion UI 4.1 sur une base Android 6.0 Marshmallow
Huawei P9 prise en main
Dans cette fiche technique, quelques petites précisions. D’abord, la version testée ici dispose de 3 Go de RAM et 32 Go de stockage. Sachez qu’il existe aussi une version 4 Go RAM / 64 Go ROM, mais qu’elle n’est officiellement pas distribuée. Second point, il s’agit ici du premier test réalisé par nos soins d’une plate-forme avec des coeurs Cortex-A72. Nous prêterons donc particulièrement attention à ce détail. Enfin, rappelons que le double appareil photo développé avec Leica compte un seul capteur couleur, l’autre étant monochrome. En comparaison du P8, le P9 améliore surtout le chipset, la batterie et l’équipement photographique à l’arrière (puisque la webcam reste la même). Sans oublier le lecteur d’empreinte. Voilà un bon programme.
Les lignes du P8 avec quelques éléments du Mate 8
Mais avant d’en arriver aux performances du Kirin 955 ou du double capteur photo, détaillons le châssis du P9. Le P9 reprend une grande partie du langage design du P8. Nous retrouvons les bords métalliques avec un léger biseau sur les bordures, les joints apparents pour les antennes ou encore la partie en verre qui surplombe la coque d’aluminium à l’arrière. Nous retrouvons également les mêmes emplacements pour les éléments techniques sur les tranches. Dans l’ensemble, le P9 ressemble au P8, lequel ressemblait aussi à ses prédécesseurs.
Huawei P9 prise en main
Quelques petits changements ont évidemment été apportés afin de moderniser et d’améliorer la proposition. Le P9 reprend par exemple l’emplacement du lecteur d’empreinte des Mate et du Nexus 6P, évitant ainsi à Huawei d’enlever ou de déplacer sa signature présente habituellement à l’avant de l’appareil, sous l’écran. Il est amusant de constater comment Huawei a su réutiliser des techniques ergonomiques de son Nexus, sans pour autant transgresser ses propres codes ergonomiques. Nous remarquons également que la finition du P9 est de meilleure qualité que le P8. Le verre 2.5D de l’écran, fait en Gorilla Glass 4 et qui prolonge le biseau taillé dans les tranches, en est une preuve.
Huawei P9 prise en main
Une autre preuve se trouve sur les tranches du téléphone. Comme l’année dernière, le bouton d’alimentation est davantage travaillé que les contrôles du volume. Mais cette fois-ci, il est davantage texturé (un peu comme le bouton du mode silencieux du OnePlus X). Ce n’est qu’un détail. Mais Huawei voulant monter en gamme, tout est une question de détail. Faisons d’ailleurs le tour des tranches : à droite se trouvent les boutons matériels ; à gauche le tiroir pour la carte SIM et la carte mémoire ; en haut le micro pour la réduction de bruit active ; et en bas le port USB type C, le jack 3,5 mm (un peu coincé sur la bordure inférieure), le micro principal et le haut-parleur.
Huawei P9 prise en main
Une prise en main améliorée
Globalement, la prise en main du P9 est très similaire à celle du P8. Cependant, une fois encore, c’est dans les détails que la différence est prononcée. Le mobile est plus agréable à manipuler et à regarder. La qualité de construction du smartphone monte encore d’un cran. Et l’intégration du verre Gorilla 4 à l’avant apporte une certaine douceur. Globalement, Huawei est resté sur ses positions et n’a pas, contrairement à HTC avec le One A9, modifier le design de ses flagships pour tomber dans l’imitation flagrante. Même si, avouons-le, de nombreux détails nous rappellent l’iPhone 6 les tranches, le verre 2.5D, les joints d’antenne, etc.)...
Huawei P9 prise en main
L’écran du P9, très proche de celui du P8, est une belle réussite, même si l’évolution apportée par Samsung à la technologie AMOLED positionne celle-ci un cran au-dessus du NEO LCD. Ici, les angles de vision sont bien ouverts (plus que la moyenne des écrans LCD) et la colorimétrie est respectée, même si le contraste aurait pu être un peu plus profond. De même pour la luminosité qui aurait pu être plus prononcée, notamment pour améliorer la visibilité en extérieur. La résolution de l’écran, supérieure à 500 pixels par pouce, offre un bon piqué à l’image, laquelle est saisissante de détails. La dalle de verre signée Corning glisse parfaitement sous les doigts et offre une bonne réactivité à l’ensemble du système d’exploitation.
Huawei P9 prise en main
Une interface peaufinée (mais toujours trop inspirée par iOS)
Transition parfaite pour parler justement d’Emotion UI (ou EMUI), ici en version 4.1 sur une base Android 6.0 Marshmallow. Une nouvelle mouture donc de la ROM customisée de Huawei pour ce P9. Basée sur les mêmes mécaniques ergonomiques, l’interface EMUI conserve les mêmes atouts et, malheureusement, les mêmes défauts, notamment cette propension à s’inspirer considérablement d’iOS. Le moteur de recherche globale qui apparaît en glissant de haut en bas, la disposition des notifications dans la zone dédiée, le menu de paramétrage rapide en glissant de bas en haut, l’aspect graphique de certaines icônes (téléphone, contact, appareil photo, messagerie, etc.), l’absence de menu pour les applications, etc. Finalement, il n’y a bien que Siri qui manque pour que l’illusion soit presque parfaite.
Huawei P9 interface Huawei P9 interface Huawei P9 interface
Pour les habitués de Huawei, voici quelques-unes des nouveautés que nous avons relevées dans EMUI 4.1. D’abord, le menu multitâche est graphiquement différent : les miniatures des applications sont placées à la queue leu leu horizontalement, comme dans iOS 8 (cela a changé avec iOS 9...). Ensuite, Huawei a intégré une fonction permettant de masquer les applications système qui encombrent l’interface (fonction que vous retrouvez aussi chez Samsung, par exemple) sans pour autant les désinstaller. Pour y accéder, placez deux doigts au centre de l’écran et écartez-les.
Troisième nouveauté, l’intégration du lecteur d’empreinte offre à EMUI une nouvelle surface tactile pour créer des interactions. Il peut servir à ouvrir le volet des notifications ou à naviguer dans les albums photo. Cela rappelle les interactions offertes par Meizu dans FlymeOS avec son propre lecteur d’empreinte. Enfin, quelques applications systèmes ont été mises à jour. C’est notamment le cas de l’application photo que nous verrons en fin de ce test, mais également de quelques fonctions avancées pour gérer les performances, la batterie et la consommation de data. Beaucoup d’efforts semblent avoir été faits dans ce sens.
Huawei P9 interface Huawei P9 interface Huawei P9 interface
Même si Huawei a développé une astuce pour cacher les icônes indésirables, nous regrettons encore une fois la présence de nombreuses applications commerciales (six jeux et un lien marketing de Gameloft, une suite Office, deux réseaux sociaux, des applications commerciales, ou encore l’excellent News Republic) dans une interface, par défaut, encombrée. Malgré cela, EMUI reste fluide grâce à 3 Go de mémoire vive bien utile. Car Android en consomme d’emblée la moitié, n’en laissant qu’un peu moins de 1,5 Go à l’utilisateur pour ses propres besoins. De même, sur les 32 Go de stockage, seulement 23 Go sont réellement disponibles pour l’usager. Une carte mémoire devrait donc être rapidement nécessaire.
Huawei P9 performance Huawei P9 performance Huawei P9 performance
Des performances en dessous des attentes
Le système n’est donc pas si léger et la plate-forme aurait bien eu besoin des 4 Go de stockage de la version « Plus ». Une impression qui semble se confirmer aussi bien à l’usage, avec une légère surchauffe du téléphone dans les phases de jeu en 3D, que dans les résultats des benchmarks, même si nous avons quelques difficultés à faire une comparaison puisque le P9 est le premier modèle équipé de Cortex-A72 que nous testons. Rappelons que derrière cet écran Full HD se cache le Kirin 955 de Hisilicon, un chipset avec quatre Cortex-A72, quatre Cortex-A53 et un GPU ARM Mali-T880 MP4. Une petite remarque sur ce dernier avant de dévoiler les scores de la plate-forme, il s’agit théoriquement du même GPU que celui du Galaxy S7. Sauf qu’ici il s’agit d’un quad-core, tandis que Samsung a opté pour un processeur à... 12 coeurs. La différence se fait sentir, soyons clairs !
Huawei P9 performance Huawei P9 performance Huawei P9 performance
Passons donc aux scores. Sur AnTuTu v6, le P9 atteint 100 366 points. Il est donc largement derrière le Galaxy S7 et l’iPhone 6S (ou l’iPhone SE), lesquels dépassent largement les 120 000 points. Sur Basemark OS II, il atteint 2124 points, un excellent score qui démontre la pertinence du choix d’un écran Full HD. Sur Geekbench, il atteint 1700 points en single-core et 6458 points en multi-core. Ces scores démontrent bien que les Cortex-A72 sont largement au-dessus des Cortex-A57 de l’Exynos 7420, mais bien en dessous des coeurs M1 de l’Exynos 8890.
Huawei P9 performance Huawei P9 performance Huawei P9 performance
Huawei est donc, comme l’année dernière, toujours un peu en retrait avec ses chipsets maison. Les scores graphiques, quant à eux, sont anecdotiques : 19 645 points sur 3DMark Ice Storm Unlimited et 1260 points sur Slingshot 3.0 (en 1080p). Les deux dernières générations d’Exynos (7420 et 8890), l’A9 d’Apple et les Snapdragon 808 et 810 sont tous bien au-dessus du Kirin 955. Retrouvez d’autres résultats dans les captures d’écran ci-contre.
Huawei P9 performance Huawei P9 performance Huawei P9 performance
Une plate-forme multimédia pas toujours à l'aise
Cependant, cette relative faiblesse sur les performances techniques, notamment vis-à-vis des autres modèles haut de gamme, ne se ressent finalement que très peu dans les faits (outre une certaine surchauffe lors d’une partie de jeu un peu longue). Pour preuve, Dead Trigger 2, notre jeu étalon, s’est de lui-même positionné sur la qualité visuelle la meilleure, sans que nous ayons à lui forcer la main. Nous avons donc pu profiter de l’ensemble des effets visuels offerts par ce FPS post-apocalyptique, et avons bénéficié d’une bonne fluidité grâce à l’écran Full HD et sa protection en Gorilla 4. Comme toujours avec les haut-parleurs situés sur les tranches inférieures, le doigt obstrue souvent la sortie du son, ce qui peut amoindrir la qualité de l’expérience.
Huawei P9 multimedia
Côté vidéo, le P9 semble déjà plus dans son élément grâce aux belles qualités de son écran Full HD. Les images sont belles et la plate-forme suffisamment puissante pour afficher des vidéos sans réelles difficultés. Le lecteur par défaut décode de nombreux types de fichiers, format DTS compris, mais ne propose que très peu de paramètres complémentaires, pour l’affichage des sous-titres par exemple. Ceux de notre fichier de test, encapsulés mais pas incrustés, ne se sont pas affichés. Il sera donc recommandé de télécharger une application tierce si vous aimez les films et les séries en version originale sous-titrée.
Huawei P9 multimedia
Le meilleur appareil-photo intégré à un Huawei
Enfin, la photo. Pour cet usage particulier, compte tenu de la promesse (double capteurs 12 mégapixels avec objectif Leica et autofocus laser), nous avons réalisé plusieurs séries de clichés à différents moments de la journée. Le matin, l’après-midi et le soir. Les conditions météorologiques étaient globalement bonnes et nous nous sommes attachés à regarder trois éléments : l’équilibre et le contraste d’une part pour voir l’avantage des deux capteurs, les distorsions et aberrations chromatiques dans un second temps pour voir si la gestion simultanée des deux capteurs, et enfin le piqué et la netteté obtenus grâce à l’autofocus laser.
Huawei P9 multimedia
Premier constat : l’application photo offre enfin un vrai mode pro accessible en glissant le doigt du déclencheur virtuel vers le centre. Et c’est déjà une première bonne nouvelle. Second constat : si Huawei n’a pas fait tous les efforts nécessaires sur sa plate-forme technique (chipset et RAM) pour soutenir la concurrence sur le haut de gamme, les travaux consentis en photo rapprochent le groupe chinois des spécialistes que sont Apple, Samsung et Sony. Le P9 est de loin le meilleur modèle de la marque en photographie, même s’il n’est pas encore parfait.
Huawei P9 multimedia
Reprenons les différents points évoqués précédemment : la photo est très équilibrée et la ruelle en bas est visible, tandis que le ciel est bleu avec des nuages bien dessinés. Les contrastes sont bons, même s’ils auraient pu être plus accentués. Les couleurs sont respectées, mais ici aussi un peu ternes. Le piqué et la netteté de la photo sont excellents. Il faut zoomer significativement pour commencer à voir du grain, tandis que la vitesse de mise au point est très rapide, comme avec tous les autofocus laser.
Enfin, nous voyons quelques distorsions dans les coins. Regardez notamment le bus, bien trop allongé pour être naturel. Toutefois, dans l’ensemble, l’usage des deux capteurs offre de l’équilibre aux clichés quand l’autofocus laser tend justement à privilégier la vitesse d’exécution plutôt que la luminosité.
Une stratégie pas toujours en phase avec l'ambition
En conclusion, ce P9 est assurément une très belle amélioration du P8 dont il améliore certains aspects et en enrichit d’autres. Certainement l’un des téléphones les plus aboutis de la marque chinoise, avec le Mate 8, le P9 s’appuie sur de vraies qualités ergonomiques et techniques. Et ce manquait certainement beaucoup à tous ses prédécesseurs, surtout s’ils voulaient réellement se positionner sur le segment haut de gamme. Notez également que le P9 est commercialisé 549 euros, face à un Galaxy S7 vendu 150 euros plus cher. Ce qui fait du P9 une assez bonne affaire.
Cependant, nous ne pouvons nous empêcher d’éprouver une certaine gêne vis-à-vis de l’ambition et du positionnement de Huawei, lesquels sont bridé par certains choix techniques. Si l’association avec Leica est une excellente nouvelle, pourquoi le capteur photo est-il limité en Full HD pour la vidéo alors que les concurrents sont en 4K ? Si Huawei a choisi le meilleur GPU de ARM, pourquoi prendre le modèle quad-core et non octo-core ou plus encore ? Si le P9 Plus dispose de 4 Go de RAM, pourquoi ne pas en avoir fait autant avec le P9 ? La proposition de Huawei est donc certes moins chère, mais elle est aussi moins bonne. Nous saurons avec le P9 Plus si le constat s’améliore, ou non.
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